Margraf über die Angst vor der Vogelgrippe
Tribüne de Genève, 10.3.06.
Pourquoi avons-nous peur de la grippe aviaire?
* L’homme craint démesurément ce qui est exceptionnel, alors qu’il banalise trop ce qui est quotidien et qu’il connaît bien.
* Les psychologues livrent quelques conseils pratiques pour gérer la peur du virus et ne pas céder à la panique.
* Entre-temps dans le monde, la faim tue 9 millions de personnes par an, le sida 3 millions, le tabac 5 millions...
PASCALE ZIMMERMANN
Quels mécanismes psychologiques régissent la peur collective de la grippe aviaire? - keystone
Grippe aviaire, SRAS, vache folle, sida... autant de maladies, installées ou hypothétiques, qui ont provoqué ces dernières années de violentes poussées d'angoisse dans la population. Pourquoi la fièvre s'empare-t-elle à ce point des gens face à un virus? Quels mécanismes psychologiques
régissent ces peurs collectives qui affolent certains jusqu'à la panique?
Le professeur Jürgen Margraf avance quelques explications. Psychologue spécialiste de la gestion des risques à l'Université de Bâle, il dirige également le Pôle de recherche national SESAM. Cette Etude étiologique suisse de la santé mentale s'intéresse au transfert des angoisses au sein d'une même famille, pendant vingt ans et sur trois générations; à la perception des dangers; et à la manière de gérer le risque de voir le malheur s'abattre sur soi.
Pour l'instant, personne n'est mort de la grippe aviaire, ni en Suisse ni en Europe. Pourquoi le virus H5N1 fait-il tellement peur?
Depuis le 1er janvier, 300 personnes se sont suicidées en Suisse, mais personne n'en parle. Nous avons atteint hier le seuil d'épidémie de la grippe. Elle tue chaque année, mais là aussi, personne n'en parle. Car il existe une loi en psychologie qui veut qu'on craigne démesurément l'exceptionnel, et qu'on minimise le danger que représente ce qui est quotidien.
Par exemple?
Nous avons plus peur en avion qu'en voiture, parce que nous voyageons moins souvent en avion. Nous craignons davantage pour nos enfants la rencontre avec un pédophile que de les voir traverser seuls la route. Pourtant il se produit en Suisse un crime sexuel mortel tous les quinze ans.
Vous évoquez le rôle amplificateur des médias.
Il est particulièrement flagrant dans le cas de la grippe aviaire. Le marketing rejoint la loi psychologique que je viens de citer. L'extraordinaire se vend mieux que l'habituel. Commence ensuite un cercle vicieux: les gens veulent toujours plus d'informations; des décisions politiques sont prises, que les médias sont contraints de relayer, et ainsi de suite.
Peut-on se raisonner pour éviter la panique?
Oui, mais l'homme n'est pas complètement rationnel. Nous fonctionnons par probabilité. Tout ce qui nous arrive a un certain degré de potentialité. Quel est le risque que je meure d'un cancer du poumon si je fume? J'en fais une estimation et je prends ma décision.
Qu'est-ce qui détermine notre évaluation d'un risque?
Des facteurs culturels. Et l'évolution de l'humanité. Lorsqu'un de nos ancêtres préhistoriques entendait un bruit, s'il évaluait le risque avec une marge d'erreur trop grande, il mourait dévoré par un tigre. La prudence a donc été récompensée. Nous portons en nous les gènes de nos ancêtres les plus circonspects. D'où notre extrême prudence aujourd'hui.
Mais lorsque nous avons l'impression de ne plus contrôler la situation, cette prudence devient une angoisse collective.
Oui, mais ce qui compte en psychologie, ce n'est pas le contrôle objectif. C'est la perception qu'on en a. Or, depuis une quinzaine d'années, après une longue période très faste, il me semble qu'en Suisse, beaucoup de gens ont le sentiment que tout leur échappe. Or, quand on ne peut pas contrôler les événements, on essaie de les prévoir. D'où une demande boulimique d'informations. Quand on ne peut ni contrôler, ni prévoir, comme c'est le cas avec la grippe aviaire, c'est la panique.
Le phénomène prend-il plus d'ampleur lorsque la peur touche l'alimentation?
Sans aucun doute. On avale le danger et il circule ensuite dans notre corps. C'est très inquiétant. Regardez les OGM. Ils font peur dans l'alimentation; personne ne veut en manger. Mais ils sont tout à fait admissibles en médecine.
Pourquoi avons-nous peur de la grippe aviaire?
* L’homme craint démesurément ce qui est exceptionnel, alors qu’il banalise trop ce qui est quotidien et qu’il connaît bien.
* Les psychologues livrent quelques conseils pratiques pour gérer la peur du virus et ne pas céder à la panique.
* Entre-temps dans le monde, la faim tue 9 millions de personnes par an, le sida 3 millions, le tabac 5 millions...
PASCALE ZIMMERMANN
Quels mécanismes psychologiques régissent la peur collective de la grippe aviaire? - keystone
Grippe aviaire, SRAS, vache folle, sida... autant de maladies, installées ou hypothétiques, qui ont provoqué ces dernières années de violentes poussées d'angoisse dans la population. Pourquoi la fièvre s'empare-t-elle à ce point des gens face à un virus? Quels mécanismes psychologiques
régissent ces peurs collectives qui affolent certains jusqu'à la panique?
Le professeur Jürgen Margraf avance quelques explications. Psychologue spécialiste de la gestion des risques à l'Université de Bâle, il dirige également le Pôle de recherche national SESAM. Cette Etude étiologique suisse de la santé mentale s'intéresse au transfert des angoisses au sein d'une même famille, pendant vingt ans et sur trois générations; à la perception des dangers; et à la manière de gérer le risque de voir le malheur s'abattre sur soi.
Pour l'instant, personne n'est mort de la grippe aviaire, ni en Suisse ni en Europe. Pourquoi le virus H5N1 fait-il tellement peur?
Depuis le 1er janvier, 300 personnes se sont suicidées en Suisse, mais personne n'en parle. Nous avons atteint hier le seuil d'épidémie de la grippe. Elle tue chaque année, mais là aussi, personne n'en parle. Car il existe une loi en psychologie qui veut qu'on craigne démesurément l'exceptionnel, et qu'on minimise le danger que représente ce qui est quotidien.
Par exemple?
Nous avons plus peur en avion qu'en voiture, parce que nous voyageons moins souvent en avion. Nous craignons davantage pour nos enfants la rencontre avec un pédophile que de les voir traverser seuls la route. Pourtant il se produit en Suisse un crime sexuel mortel tous les quinze ans.
Vous évoquez le rôle amplificateur des médias.
Il est particulièrement flagrant dans le cas de la grippe aviaire. Le marketing rejoint la loi psychologique que je viens de citer. L'extraordinaire se vend mieux que l'habituel. Commence ensuite un cercle vicieux: les gens veulent toujours plus d'informations; des décisions politiques sont prises, que les médias sont contraints de relayer, et ainsi de suite.
Peut-on se raisonner pour éviter la panique?
Oui, mais l'homme n'est pas complètement rationnel. Nous fonctionnons par probabilité. Tout ce qui nous arrive a un certain degré de potentialité. Quel est le risque que je meure d'un cancer du poumon si je fume? J'en fais une estimation et je prends ma décision.
Qu'est-ce qui détermine notre évaluation d'un risque?
Des facteurs culturels. Et l'évolution de l'humanité. Lorsqu'un de nos ancêtres préhistoriques entendait un bruit, s'il évaluait le risque avec une marge d'erreur trop grande, il mourait dévoré par un tigre. La prudence a donc été récompensée. Nous portons en nous les gènes de nos ancêtres les plus circonspects. D'où notre extrême prudence aujourd'hui.
Mais lorsque nous avons l'impression de ne plus contrôler la situation, cette prudence devient une angoisse collective.
Oui, mais ce qui compte en psychologie, ce n'est pas le contrôle objectif. C'est la perception qu'on en a. Or, depuis une quinzaine d'années, après une longue période très faste, il me semble qu'en Suisse, beaucoup de gens ont le sentiment que tout leur échappe. Or, quand on ne peut pas contrôler les événements, on essaie de les prévoir. D'où une demande boulimique d'informations. Quand on ne peut ni contrôler, ni prévoir, comme c'est le cas avec la grippe aviaire, c'est la panique.
Le phénomène prend-il plus d'ampleur lorsque la peur touche l'alimentation?
Sans aucun doute. On avale le danger et il circule ensuite dans notre corps. C'est très inquiétant. Regardez les OGM. Ils font peur dans l'alimentation; personne ne veut en manger. Mais ils sont tout à fait admissibles en médecine.
patpatpat - 13. Mär, 09:34
sesam als kontrolle gegen die angst
nun ist das unkontrollierbare aber teil des lebens. es wäre glaubwürdiger, wenn forschung so angelegt wäre, dass die persönliche und gesellschaftliche partizipation, d.h. die beteiligung an den auseinandersetzung mit unsern lebensbedingungen aufgenommen und gefördert würde. sesam will normieren - will festlegen, was krank ist und krank macht - und dann die kontrolle darüber festschreiben. cui bono ? wem wird das nützen ? wer die webseiten psycho.unibas.ch anschaut sieht, dass hunderte von verhaltenstherapeutisch ausgebildeten psychologen auf den markt kommen werden, dazu müssen roche und novartis neue märkte generieren. der geneigte leser merkt etwas.